Quel regard Jésus porte sur la place et le rôle de la femme dans l’Église ?
Dans le monde chrétien, il y a une grande confusion voire même une division en ce qui concerne la place et le rôle de la femme dans l’Église. C’est un sujet très controversé et qui m’a beaucoup interpellé durant ma vie de jeune femme adulte, par rapport à l’appel au ministère.
A l’époque, je me posais beaucoup de questions à ce sujet. Aujourd’hui, la femme est plus présente sur le devant de la scène dans certaines églises. Toutefois, cette question demeure car il n’y a pas d’accord universel dans l’Église à ce sujet.
Certains interprètent les paroles de l’apôtre Paul pour dire que la femme ne peut enseigner et qu’elle doit se taire dans l’Église. Il y en a d’autres qui se placent du côté du débat ardent concernant la consécration au ministère et au pastorat de la femme.
Tous ces sujets divisent et déchirent l’Église de Dieu. Ils demandent d’approfondir la question à la lumière des textes bibliques et de rechercher l’intention de Dieu à la création.
Mon but est de recueillir les indications à travers l’attitude de Jésus afin d’éclairer la problématique contemporaine. C’est un sujet très délicat, rien que le fait de l’aborder est un vrai challenge personnel.
A travers ces quelques lignes, nous allons évidemment effleurer le sujet car il y a beaucoup de choses à dire dessus et je ne tiens pas à faire une thèse dans cet article.
C’est sous la poussée d’un mouvement féministe revendiquant l’accès de la femme au ministère que le problème de la place et du rôle de la femme dans l’Église a été souvent abordé. La femme a-t-elle une place et un rôle à jouer dans l’Église ? Si oui, jusqu’à quelle mesure peut-elle servir le Seigneur ? Quel est l’apport de la féminité à la vie ecclésiale ? Comment la femme peut-elle et souhaite-elle s’exprimer dans l’Église ?
En effet, le développement du féminisme, de l’égalité des sexes et des droits des femmes dans les différents domaines sociétaux et au niveau juridique ont naturellement touché les communautés religieuses.(cf. Voir Gallay Pierre, Des femmes prêtres ?, op. cit., p. 40 et 43.)
Au milieu du XXe siècle, dans un environnement favorable aux femmes lié notamment au féminisme et au protestantisme, les parlements des pays nordiques ont légiféré sur le pastorat des femmes dans les églises nationales. (cf. Voir Havel Jean Eugène, « La question du pastorat féminin en Suède », op. cit., p. 116-130 ; et Wil (…))
Aujourd’hui, ça peut nous paraître banal d’avoir des femmes pasteures mais ce n’était pas du tout le cas à l’époque de la Réforme au XVIe siècle (ref : Frédéric Rognon, professeur de philosophie des religions à la Faculté de Théologie protestante de l’université de Strasbourg). La proportion des femmes parmi les pasteurs augmente au fil des ans ; elle est de 15 % en France aujourd’hui.(ref : Les pasteures et les mutations contemporaines du rôle du clerc- Jean‑Paul Willaime)
Dans les années 1920-1930, les premières femmes qui deviennent pasteures doivent rester célibataires et ne peuvent pas faire la Sainte Cène. Elles pouvaient prêcher et s’occuper des enfants.
Il faut attendre 1965 pour l’Église réformée de France et 1968 pour l’Eglise réformée d’Alsace-Lorraine pour voir des femmes cumuler ministère pastoral et mariage.
Dans les Églises évangéliques, tout dépend des courants. Pour certaines églises, c’est inconcevable d’avoir une femme pasteure. Dans d’autres, c’est possible, comme dans les églises baptistes, mais elles ne sont pas très nombreuses.
Pour des Églises revendiquant l’autorité des Écritures, l’existence de textes bibliques limitant le rôle de la femme dans l’Église – particulièrement les textes pauliniens de 1 Corinthiens 14, 34‑35 et 1 Timothée 2, 13‑12 – ont longtemps constitué un puissant frein aux évolutions dans ce domaine.
Lorsqu’il s’agit de l’Église , il est important de découvrir le plan divin tel qu’il nous est manifesté par la Parole de Dieu. L’Église n’est pas une société qui se modèlerait aux valeurs de la société civile.
A la lecture de la Bible, nous pouvons voir autant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, les rôles importants joués par les femmes dans les récits bibliques. Ainsi, Déborah et Esther ont eu à se positionner au péril de leur vie pour la sauvegarde du peuple juif.
L’histoire du christianisme témoigne de l’implication de femmes dévouées, ayant menées une vie de sacrifice pour l’Église et la propagation de l’Évangile.
De l’enseignement et du comportement de Jésus-Christ, nous recevons l’éclairage sur le rôle de la femme dans l’Église. En effet, les textes évangéliques nous permettent de déterminer les traits essentiels du regard de Dieu sur la femme et de la place qu’il lui assigne dans l’œuvre du salut.
C’est Jésus qui a opéré une révolution dans les idées concernant la femme et qui en libérant toute l’humanité par l’œuvre de la croix a fait apparaître la dignité de chaque personne humaine, plus particulièrement de la personnalité féminine.
Nous avons toujours besoin de retourner à la source, c’est-à-dire à la Bible pour bien reconnaître ce qu’est l’image de la femme aux yeux de Dieu et dans quel sens doit se produire son épanouissement.
Dans une société où la femme était confinée dans une situation d’infériorité, Jésus a réagi contre les inégalités dont elle était la victime. Il n’a jamais fait de concession à la mentalité de son époque, ni admis aucun des préjugés sur lesquels s’appuyaient les privilèges masculins.
Lorsque les circonstances et occasions l’ont amené à s’exprimer devant une situation défavorisée de la femme, Il a manifesté sa volonté de rétablir l’égalité. Il enfreint les coutumes qui tendaient à refuser à la femme des contacts normaux dans la vie sociale. Alors qu’il n’était pas dans les mœurs de parler longuement en public avec une femme, il n’hésite pas à entamer un dialogue avec la Samaritaine, au point de susciter l’étonnement des disciples. (Jean 4v27).
Jésus a intentionnellement fait bouger les lignes de son époque en adoptant un comportement libérateur. De la même manière, il a permis à la femme à la perte de sang de sortir de son humiliation. En la guérissant, il l’invite à se présenter devant la foule. Ceci pour la libérer de la honte, lui rendre sa fierté et lui faire prendre conscience de la valeur de sa foi (Marc 5v25-34).
Il y a pléthore d’exemples où Jésus est intervenu pour redonner à la femme, un droit de cité. On observe donc chez Jésus la volonté de restaurer la dignité de la femme. Ses réactions tendent à assurer l’égalité. aussi bien dans le domaine religieux que dans les divers aspects de la vie sociale.
Effectivement, Jésus se rend accessible aussi bien aux femmes qu’aux hommes. Quelle que soit la femme qui l’aborde il ne manifeste jamais aucune réticence ni aucune moindre bienveillance. Son comportement atteste que la femme a le même accès à Dieu que l’homme.
Si l’homme et la femme sont égaux, une différence existe entre eux. Cette différence a été voulue par Dieu dès la création. L’homme et la femme ont été formés par Dieu de manière différente mais ils sont complémentaires. La femme se trouve sur un pied d’égalité avec l’homme, ayant accès à la même filiation divine dans le Christ.
Le sacrifice rédempteur de Jésus Christ a réconcilié l’homme et la femme. Puisque le péché avait pour conséquence la subordination de la femme au pouvoir dominateur du mari (Gen 3v16).
L’unité se réalise grâce à l’égalité. Une unité profonde qui fait que la femme et l’homme forment une seule personne dans le Christ Jésus. L’égalité, Jésus l’a voulue dans la différence. Ainsi, il a approuvé l’onction parfumée de Marie de Béthanie et pris sa défense contre l’incompréhension des disciples.
Jésus désire garantir à la femme la possibilité de s’exprimer dans le culte et l’attitude religieuse selon sa propre personnalité. Son but est de procurer à la femme l’épanouissement de son être, de la libérer de toute condition d’infériorité.
La femme ne peut viser à être une copie de l’homme. Elle doit mettre en valeur ce qui fait d’elle une femme et la différencie de l’homme. L’Eglise est composée à la fois de femmes et d’hommes. et aucun des sexes n’y a de prédominance sur l’autre.
L’Église a besoin des apports de la personnalité féminine comme de la personnalité masculine pour exprimer tout son développement. La femme doit rester elle-même. Non seulement pour la pleine mise en valeur de ses qualités, mais aussi parce qu’elle est destinée à enrichir l’Église.
Lorsque l’on repart au texte de la création, nous voyons qu’après la chute, Dieu avait annoncé le rôle que jouerait la femme dans la lutte victorieuse contre les forces du mal. (Gen 3v15). En cela, Dieu redonne à la femme l’opportunité de reprendre son honneur, sa dignité qui lui avait été volé par ruse.
En disant : « Je mettrai une inimitié entre toi et la femme », Dieu avait institué la femme comme sa première alliée. Et au descendant de la femme reviendra la victoire sur le serpent. Mais l’alliance est d’abord établie avec la femme elle-même.
Jésus a montré à plusieurs reprises qu’il voulait enrôler la femme dans l’œuvre de salut. Dans le livre de Luc, de nombreuses femmes l’accompagnaient dans ses tournées de prédications et pourvoyaient par leurs finances au ministère.
Ce groupe de femmes constituait une grande nouveauté. Aucun prophète ni aucun maître en Israël n’avait été accompagné par un groupe de femmes. Oui, Jésus était à contre-courant. Il a manifesté son intention de faire participer activement les femmes à l’œuvre d’instauration du Royaume.
Par rapport à la problématique précitée et au regard de l’attitude et comportement de Jésus durant son ministère sur terre face aux conditions de la femme à son époque, il semble que la femme à toute sa place et à un véritable rôle à jouer dans l’église.
La question que l’on peut se poser aujourd’hui est : Comment la femme peut-elle prendre sa place et jouer son rôle dans l’Église aujourd’hui ?
Jésus étant notre modèle par excellence, à aucun moment dans ses attitudes et comportements, il n’a laissé penser que la femme ne pouvait et ne devait prendre sa place ou jouer un rôle dans l’Église.
Le défi du ministère de la femme n’est pas de ce qu’elle peut ou ne peut pas faire. mais plutôt de comment elle le fait. Le problème n’est pas dans le rôle ou la place de la femme dans l’Église mais dans son comportement vis-à-vis de l’homme. Y a-t-il une recherche de domination de la femme vis-à-vis de l’homme dans l’exercice de son ministère ? Si tel est le cas, alors un déséquilibre peut se créer au regard des principes établis par Dieu à la chute et l’Église peut en pâtir.
N’ayant pas la possibilité d’aller en profondeur sur la question, vous pouvez continuer à creuser la question. Voici différents références et liens :
- La femme dans l’Eglise – Jean Galot.
- Le rôle de la femme dans l’église – Parole de femmes – David Goma –
- La Place et le rôle des femmes dans les Églises réformées – Raymond A. Mentzer
- Alfred Kuen – Le rôle de la femme dans l’église
- Comment les femmes peuvent servir dans l’église ? – Malaika
J’ai hâte de lire vos points de vue sur le sujet.